La peur, cette menteuse !
La peur est une menteuse ! Je dédie cet article à une toute jeune fille venue me voir pour libérer une angoisse particulière en lien avec un événement à venir.
Comme elle me décrivait les circonstances d’apparition et les effets physiques de son angoisse, je lui ai demandé « Est-ce que tu sais que la peur est une menteuse ? » Voilà le point de départ de notre séance et… de cet article !
« Tu connais des copines qui ont vraiment peur des araignées ? Oui… Est-ce que dans notre pays les araignées attaquent et nous sautent contre ? Non…
« Et toi, tu as un exemple de peur menteuse ? »
« Oui, me dit-elle, je stresse beaucoup quand j’ai une évaluation alors que j’ai très bien appris et que je connais bien le sujet«
Alors d’où nous viennent toutes ces sur-réactions ?
On dit habituellement que la peur est une émotion qui survient devant un danger ou une menace, réels ou imaginés.
Les études sur le fonctionnement du Système Nerveux Autonome (SNA), en particulier sur le nerf vague, ont apporté un éclairage intéressant : les sensations apparaissent avant l’émotion.
C’est l’interprétation qu’on aura donnée à ces sensations physiques qui déterminera l’émotion et la réaction.
Imaginons 2 bambins qui récitent leur première petite poésie. L’un est applaudi et l’autre critiqué et moqué.
Lequel des deux, si cette situation se répète plusieurs fois, risque de se sentir paralysé chaque fois qu’il devra prendre la parole devant un groupe, une fois adulte ?
La peur est de nouveau une menteuse ! Il n’est plus le bambin de l’époque, il n’est plus face aux moqueurs de l’époque !
Quand le système d’alarme se détraque
Un système d’alarme détraqué va sonner l’alerte sans raison valable, en l’absence de tout danger. Ou au contraire ne pas signaler un danger bien réel.
Notre Système Nerveux Autonome (SNA) fonctionne comme un système d’alarme : il va littéralement analyser tout ce qui se passe à l’intérieur de nous et à l’extérieur de nous afin de déterminer si nous sommes en danger ou en sécurité. Sa mission est d’assurer notre survie donc tout tourne constamment autour de cette question « Est-ce que je suis en sécurité ? »
Il garde précieusement en mémoire absolument tout ce qui nous concerne ! Pire que la « boîte noire » des avions !
Si on revient à l’exemple du bambin et de la récitation de sa poésie, qu’est-ce que les moqueries ont déclenché ?
Tout un ensemble de réactions physiologiques (modification de la respiration, du rythme cardiaque, de la température corporelle, de la salivation, etc).
Ces réactions physiologiques engendrent des sensations physiques (douleur au ventre, diarrhée, vomissement, plexus noué, mâchoire crispée par ex)
Toutes ces réactions et sensations sont autant de signaux de danger
envoyés, analysés et conservés en mémoire par le Système Nerveux Autonome (SNA).
Parfois il réagit comme une alarme incendie qui déverserait des trombes d’eau sur la fumée d’une une cigarette.
Nous restons paralysés par la peur parce que notre esprit projette les scénarios douloureux du passé, comme s’ils allaient se répéter encore et encore.
Il envoie les mêmes symptômes qu’à l’époque (maux de ventre, crispations et pire encore) pour nous faire renoncer.
Il agite une sonnette d’alarme chaque fois qu’on risque de faire ce qui nous avait valu autant de stress, de honte, d’inconfort…
La Croyance négative devient Identité
Avec le temps et la répétition, cela devient notre CROYANCE
Par exemple
« CHAQUE FOIS que je dois parler en public, je bafouille et perds mes moyens »
ou
« CHAQUE FOIS que je dois passer un examen, je suis malade et je vomis. »
Par exemple
« JE SUIS incapable de parler en public »
ou
« JE SUIS quelqu’un qui tombe malade et vomit quand j’ai des examens »
Et pour les autres, je deviens « Celui qui…. », « Celle qui… »
Les croyances négatives qu’on entretient sur soi finissent par devenir notre « identité ».
A ce stade, la personne s’identifie tellement à son symptôme qu’elle le perpétue sans le vouloir.
Elle a parfois tellement peur qu’il se manifeste qu’elle multiplie le stress.
Elle écoute son Pinocchio qui lui raconte que « c’est depuis toujours comme ça, qu’elle ne peut pas changer ».
Résultat : le symptôme justifie la croyance. La menteuse a gagné !
Le plus fou dans l’histoire,
c’est que ça nous rassure…
ça nous rassure inconsciemment de voir qu’il y a une cohérence entre ce qu’on croit qui va se passer et ce qui se passe effectivement.
C’est comme si ça nous donnait un peu de pouvoir sur ce qu’on ne contrôlait pas !!